Monsieur Théo Guldemont

Monsieur Théo Guldemont s’en est allé ce dimanche 8 novembre 2020

Théo Guldemont a marqué les débuts du judo belge. Né fin de l’année 1930, il était contemporain à Jean-Marie Falise et à George Ravinet qui ont été à la base de la création de l’Association Fédérale Belge du Judo-Jiu-Jitsu.

Théo commença pourtant la pratique du sport par de l’haltérophilie sous les conseils de « Monsieur Falise » ainsi que d’autres pratiques tirées de la gymnastique … . Ce n’est que plus tard que son « Maître » lui parla d’une méthode de défense et d’attaque. Ils découvrent ainsi le judo et l’expérimentent dans des conditions impensables à l’heure d’aujourd’hui ! Une bâche faite de sacs cousus les uns aux autres posée sur une couche de sciure de bois servait de surface de réception ; une simple veste blanche faisait office de judogi.

Que de chemins parcourus depuis ! Théo fut surtout un compétiteur. Il a vécu sa vie de judoka autour de ce thème en complément de ce que fût Jean-Marie Falise, plutôt tourné vers l’enseignement.
Entraînements, compétitions tant nationales qu’internationales ont rythmé sa jeunesse. Citons modestement quelques résultats : champions de Belgique toutes catégories, nombreuses participations (plus de 75 !) aux championnats d’Europe avec acquisition de médailles et autres rencontres internationales ; participations aux championnats mondiaux avec l’honneur de rencontrer comme adversaires des judokas japonais de renom !
Au terme de sa carrière sportive, il mit ses connaissances au service de la fédération nationale et ensuite régionale comme arbitre, entraîneur et membre ou président de commissions tel l’arbitrage, le jury des grades. Il y avait beaucoup de charisme chez Théo.

Bien sûr, entre temps Théo Guldemont a aussi créé en 1952 « son » club, le Judo Club Montagnard ! La spécificité était à l’image de son parcours : un club où la compétition est l’objectif principal. Le résultat est tout aussi impressionnant : cinq fois champion de Belgique par équipe auxquels il faut ajouter tous les résultats individuels des membres du club … et parmi eux un certain Daniel Guldemont qui a pleinement satisfait son père dans ses activités judo.

Nos pensées vont aussi à Delphine, épouse de Théo, flamande d’origine comme il se plaît à dire, qui l’a accompagné partout. Souvent présente dans les gradins, elle l’a soutenu jusqu’au bout. Théo était aussi fier de sa petite fille, Emilie, qui est actuellement en charge des cours de judo pour la section des jeunes.

Nous avons vu Théo autour du tatami il y a moins d’un an toujours aussi intéressé par la pratique du kata comme tous les lundis soir. Son défi était de citer le nom des techniques successives en japonais bien sûr. Quand on sait qu’il s’agissait des katas supérieurs, sa mémoire des noms était extraordinaire. Il n’avait pas son pareil pour juger notre démonstration. La qualité de ses commentaires était remarquable et nous devions évidemment recommencer la technique encore et encore jusqu’à satisfaction de sa part.

Un grand judoka s’en est allé, un judoka à qui le judo belge doit beaucoup dans sa position actuelle de fédération honorable dans le paysage sportif de notre pays et largement reconnue au niveau international.

Que sa famille au sens large, ses élèves et amis soient fiers de l’avoir côtoyé.

Michel Jouniaux

PS : Plusieurs informations proviennent de son livre « Sous l’emprise de Judo » Régie ImprimerieProvinciale 2007 où il raconte sa passion pour le judo.